Clémentine Granet

Les Petits Prodiges est un projet qui a vu le jour en 2017. La volonté de Camille et Clémentine était claire : créer les essentiels de la salle de bain qui vous veulent du bien. Elles se lancent dès le début avec un produit jusque-là jamais lancé en France : un déodorant solide disposé dans un tube en carton biodégradable. Depuis, ce type de produit s’est largement démocratisé et la gamme proposée par Les Petits Prodiges s’est largement étendue.

Une démocratisation de l’entrepreneuriat à impact

Depuis le début de l’aventure, la volonté des co-fondatrices est de proposer des produits à la fois sains et durables. Cette démarche qui était encore embryonnaire à l’époque est aujourd’hui devenue beaucoup plus courante. L'entrepreneuriat à impact s’est largement démocratisé, probablement poussé par la dynamique du digital et de nombreuses actions de sensibilisation. D’ailleurs, Clémentine souligne qu’avant “lancer son entreprise n'était pas une option standard que tout le monde envisageait, notamment en sortie d'école. Aujourd’hui, c’est moins sacralisé, plus accessible, même pour les jeunes. Et c’est une bonne chose. La nouvelle génération s’empare ainsi des sujets et inventent beaucoup plus tôt que nous l’avons fait les solutions de demain”.

Un marché qui devient très concurrentiel

Pour Clémentine, un projet à impact est une entreprise “qui a un impact positif sur son écosystème et qui apporte donc des améliorations au sens large. Cela peut d’ailleurs être aussi bien sur l’aspect social que environnemental.” Et depuis quelques années, les initiatives en ce sens se multiplient. Rien que pour les produits d’hygiène, des dizaines de projets se lancent presque quotidiennement. Comme le souligne Clémentine, “ce qui est positif, c’est que cela permet de largement démocratiser l’usage des produits d’hygiène responsable et de sensibiliser le consommateur, ce qui est plus négatif est que l’explosion de l’offre implique aussi l’arrivée de produits moins vertueux ce qui nuit à la crédibilité du secteur au sens large. Côté consommateurs, ils peuvent aussi être rapidement être perdus face à la diversité de l’offre.” Pourtant, les choses vont naturellement se réguler. Certains acteurs clés vont rester quand d’autres vont peu à peu disparaître.

Le fond aussi important que la forme

“Si on prend une marque qui n’a pas une bonne formule, des packagings en plastique, des ingrédients douteux mais a construit une super image et réussit à mobiliser les gens en sa faveur, ça va forcément marcher au moins quelques temps. À l’inverse, un projet porté par un entrepreneur avec un mindset à impact mais qui est moins fort sur l’aspect image ne marchera probablement jamais”.

Autrement dit ? Pour Clémence, “celles et ceux qui font la différence et créent des entreprises pérennes sont ceux qui arrivent aussi bien à jongler entre le fond (sourcing, qualité des produits, recherche, packaging, etc…) et la forme (distribution, identité de marque, etc…).” Par ailleurs, elle précise également que “pour que cela marche bien, le plaisir d’usage des produits écologiques doit être au moins équivalent à celui des produits conventionnels”.

Un marché à retardement

Ce point n’est pas spécifique à l’impact mais a des conséquences importantes. Suite aux aléas récents, le prix des matières premières a explosé. En parallèle, la demande côté consommateurs a baissé pour les mêmes raisons : le budget. L’enjeu pour les entreprises à impact a été de “réduire temporairement la marge le temps d’aller de façon à rester concurrentiel tout en gardant un business modèle rentable sur le long terme”. Prochainement, les choses devraient changer. Les prix des matières premières commencent légèrement à baisser. En revanche, c’est à retardement. Les partenaires ont des stocks à écouler, achetés à des prix élevés. Ils doivent d’abord évacuer ces derniers avant de passer à la suite.

L’hygiène : une seule chance de faire bonne impression

Clémence souligne que la notion de qualité est essentielle. “Prenons l’exemple d’une crème visage présentée comme ayant des vertues contre les rides. Les consommateurs ne verront pas l’impact de façon immédiate mais théoriquement des années plus tard. Pour l’hygiène, c’est plus radical. Si le consommateur utilise un déodorant et qu’une heure après l’avoir mis, il transpire et sent mauvais, il y a de fortes chances pour qu’il ne rachète jamais ce produit”. C’est donc un secteur exigeant qui implique une logique d’amélioration continue. Pour Les Petits Prodiges, les formules sont adaptées à chaque produit de façon à être améliorées selon les retours partagés par les clients, sur les ingrédients et l’usage.

S’entourer pour avancer sereinement

Un dernier mot pour la fin. Clémentine précise que pour elle, avoir choisi de se lancer dans cette aventure à deux a été un véritable accélérateur. “L'entrepreneuriat, c’est des très bons moments que tu as envie de partager mais aussi des moments durs et stressants. Quand tu es à deux, tu as l’impression de diviser le risque de moitié.” Alors ce qu’elle conseille à tout entrepreneur qui se lance aujourd’hui, c’est de s’entourer des bonnes personnes, celles avec qui vous pourrez passer les tempêtes en vous relevant.